Les émotions, à la lumière de la science

Les émotions, à la lumière de la science

Les émotions, ces fascinants et impérieux complices de notre existence,
exercent sur notre vie interne et externe une autorité profonde et puissante.
Elles nous font robustes ou faibles, malheureux ou contents, tracent notre
tempérament, fixent notre caractère, commandent souvent nos choix. Elles
sont les généreuses princesses à qui tout l’art des civilisations a été dédié. Plus
tard, la science ne pouvait manquer de diriger sur elles son intérêt scrutateur.
La psychologie, la neurologie et la neuropsychiatrie, entre autres disciplines,
ont tenté, chacune selon ses outils et ses visées particulières, de nous instruire
sur ce captivant sujet.

Qu’est-ce que l’émotion ? Pourquoi est-elle si floue ?

L’émotion est un évènement de nature physiologique, plus ou moins vif, assez
difficile à circonscrire et à examiner. Elle se distingue ordinairement par son
apparition soudaine et énergique, et par sa courte durée. Ses causes sont
compliquées d’éléments hétérogènes, mais peuvent néanmoins se diviser en
deux groupes, par simplification d’analyse : celui des interactions
biochimiques qui interviennent dans notre organisme, et celui de
l’environnement externe. Les émotions sont très nombreuses. Et les tentatives
d’organiser et de détailler cette foule tumultueuse et disparate, —
classifications, rangements en catégories, élaboration de systèmes
taxinomiques, de figures schématiques, — défient toute volonté de
recensement et même de synthèse.
Des difficultés terminologiques proviennent, en outre, de la discordance qui
existe entre le langage courant et la langue scientifique, celle-ci n’ayant pas
d’autre choix que d’envelopper ses discussions et éclaircissements dans des
termes communs et connotés par l’usage.

Quelles sont les causes chimiques des principales émotions ?

Il est néanmoins possible de décrire les mouvements chimiques qui s’opèrent
dans le cerveau lorsqu’on éprouve certaines émotions élémentaires. On doit

cette possibilité d’observation à la découverte, il y a moins d’un siècle, des
précieuses techniques d’imagerie cérébrale.
Que se passe-il donc quand on est joyeux ? Un groupe de neurones, situés en
plein centre du cerveau, et qu’on nomme l’aire tegmentale ventrale, expédient
une quantité de dopamine vers une région cérébrale appelée noyau
accumbens, laquelle joue un rôle primordial dans le circuit de la récompense et
de la sujétion aux drogues. Quand ce noyau entre en fonction, il libère des
neuromédiateurs, tels que la sérotonine, qui exalte ; les endorphines, qui
remédient aux douleurs ; et les endocannabinoïdes, qui rassérènent.
Mais si l’on est triste ? Dans ce cas c’est en partie par manque d’encéphalines.
En effet, ce neuromédiateur est libéré lors de souffrances aiguës, car il possède
surtout une fonction inhibitrice censée empêcher la propagation de la douleur.
Sa diminution donc alerte l’hypothalamus. Celui-ci libère alors de l’adrénaline,
depuis le système sympathique : cette opération occasionne une respiration
inégale et pénible, et une sensation d’oppression, de nœud à l’estomac. Par
ailleurs, d’autres neuromédiateurs expulsés depuis le système
parasympathique, sont causes des sanglots et de l’abattement profond. Ces
deux processus peuvent être simultanés.
Quant à la colère, elle résulte de l’activation des noyaux septaux, située sous la
partie antérieure du corps calleux. Après sa réception du message nerveux,
l’hypothalamus médian va épandre de l’adrénaline dans tout le corps, ainsi des
hormones stéroïdiennes, comme la testostérone et le cortisol.

  • 19-10-2018